Épisode 3
Ainsi se déroulèrent les plus tendres années de ma vie, ne goûtant au plaisir réel du péché que bien plus tard. Je fus presque entièrement élevé par ma mère, ce qui pourrait expliquer beaucoup de choses aujourd’hui; mais je ne me lancerai pas dans un sujet aussi polémique. Mon père exerçait une haute fonction dans une entreprise en bourse et était constamment dans les grands hôtels de tous les pays. Je parle ainsi d’un ton enfantin car je ne l’ai pas bien connu, les seuls souvenirs qui me parviennent sont ceux des apéros les jours d’été, à toute heure, avec tout le monde. Cependant, mon historie semble clichée; enfant élevé par une mère poule, père absent causant des traumatismes psychologiques et sociaux à l’âge adulte. Si vous aviez déjà réduit mon récit à une simple histoire banale, à un simple film américain des années 60, vous ne liriez point ces mots. Ainsi me permettais-je d’élucider la question qui hante votre esprit : pourquoi suis-je différent ? S’accordant aux raisons primaires d’un tel récit, il y va de soi d’expliquer premièrement chaque mot qui vient à l’encontre de l’esprit questionné. Commençons ainsi par “pourquoi “; mot aux apparences futiles mais seul détenant le pouvoir de remettre en question n’importe quel argument, action, désir, envie et bien d’autres. Il encapsule ainsi les désirs de savoir de tous ceux qui ont voulu connaître et comprendre théories et évènements diverses, de ceux qui se fascinent de la science-infuse. Commencer sa question par ce mot relève ainsi d’une certaine ignorance contextuelle ou factuelle, dépendant bien sûr de la situation en question. L’emploi d’un verbe n’est pas notable, d’autant que la liaison qu’il permet n’est que purement décoratif et logique, ainsi explorer toutes les possibilités ne serait pas divertissant, même pour le lecteur le plus savant qui soit. En venant au cœur du sujet, à la garniture intellectuelle de notre texte, je ne puis enlever de mes pensées l’image de ce lien superficiel qui lit réalité et littérature, cependant cela se devra être exploré une autre fois. Ainsi ayant définit le contexte lexical, je puis accéder enfin au cœur de la bataille de pensées qui s’opère dans l’esprit de chaque lecteur en lisant cette question. Pour m’amuser un peu, je vais diverger vers quelques réponses hypothétiques. Revenant au principe même de la question, remarquons qu’elle se ferme dès son premier mot à toute sorte d’opinion large et riche vis-à-vis du monde. “Pourquoi” demande une justification, or nous ne choisissons ni notre nature, ni notre famille, ainsi cette question n’a tout simplement pas de sens. La rectifier semble alors ce qui plairait le plus à la logique même, “comment suis-je différent?” me plait plus. Ainsi je ne puis entièrement répondre à votre question d’un trait, je vous propose alors de lire le reste de mon histoire, et de juger par vous-même les lignes qui ont animé ma vie, qui ont fait vivre Georges dans le monde immaculé et d’oiselle qu’est la littérature. Revenons sur terre. La vie de chacun s’accompagne souvent d’un repère, qu’il soit temporel ou physique, psychique ou affectif, rappelant à son locataire l’origine de ce dernier. Étant humain, j’ai aussi eu un repère, un endroit de paix intérieure et d’harmonie avec le reste du monde, ce fut mon jardin.
Étant petit, ce jardin retentissait dans mon esprit lorsque la cloche de la mélancolie sonnait, lorsque les amours se brisaient ou lorsque je croisais le chemin du succès. Tenter de vous le décrire tel que je le percevais et le perçois toujours est impossible, cependant je peux tenter de le concrétiser dans votre esprit. Que dire, commençons par le ponton. Graviers et pierres blanches, sans distinction précise dans mon esprit, s’empilent et supportent le poids de mes pensées et des me sentiments, un sol ayant vécu, ayant témoigné de la jeunesse fougueuse et mélancolique d’un jeune Georges, ne se rompant toujours pas sous le poids de mes souliers de cuir. Nombre d’étoiles m’ont vu m’étendre sur ce lit roches blanches et soyeuses, partageant ma jeunesse avec celles qui l’ont peuplé et qui l’ont rendu concrète. On dit souvent que la simplicité de l’homme révèle son esprit complexe et imperméable à la sottise, ainsi s’encadrait mon vaisseau de mots doux et de pleurs incongrus, voguant à travers les temps enfantins. Orchidées et buissons délimitaient ce havre de réflexions extrapolées, se voyant visiter nombre de fois derrière la maison de mon enfance, 66 avenue de la Remembrance. Maintenant que j’avais passé l’âge des caprices et de l’isolement social absolu des mères poules, je pouvais enfin avoir plus d’un ami, rigoler en groupe et goûter au plaisir innocent du premier amour. Attention, j’appelle à la nuance, sachant que le premier amour véritable ne vient qu’avec la femme de votre vie, cependant chaque femme en devenir que j’aimais l’incarnait pour moi. Vous l’aurez compris, j’ai toujours eu tendance à infiniment extrapoler mes amours d’enfant, en témoignant par l’attention sans fin que j’y portais. Oh! Mille fois aurais-je espérer redire ce que j’ai dit à celle qui avait volé mon cœur. Ainsi m’en allais-je chaque matin, sans me poser de questions, ne pensant que par mon instinct d’enfant innocent et ignorant de 10 ans et demi.
Bien plus tard, ai-je écrit écrit un texte justifiant l’amour, et je trouve tout à fait congru de vous le donner maintenant, tant l’inspiration de l’écrivain n’a pas de limites de temps, seulement des problèmes d’ancre. Par le hasard de la vie, il est en Anglais, et je n’y peux rien. Ainsi m’imaginais-je en train de répondre à l’élue de mon cœur, me demandant : “Why do you love me?”
Hath not such complex demand ever rose to my mind? Hath not nature ever questioned itself upon mine eyes and my soul? How can the purest of all things be “explained” or poorly shown through empty words? For mine are not empty, but less full than my heart is of love for you. Hath thee ever thought of me? A glimpse of myself through the air, crumbling down the stairs and still putting the dearest attention to the most magnificent creature I have ever witnessed to be part of the world I live in? For I can surely say you look divine to me, as I think you should to the whole world. But my true feelings and sensations can still not explain why my love hath become so real. Hath ever the martlet, flying through the air, witnessed love in its purest form, its more adorable and concrete form? Do you think that such a small response to thy demand represents how much you dispose of my heart? The reaction you might receive from your heart will surely be unpredictable to me, as such a strong bond between two person can only be achieved through the consommation and the declaration of life. “Why do you love me” might seem to me the most egocentric and lackadaisical demand from any loved person. But I find it totally justified, for thy willst to know me and « why me » surely shows your mindfulness about my perception of you. How can I end this response, as the longest and most beautiful of them all cannot explain why my love has landed upon thee...